Trois podcasts

J’ai fait référence à trois podcasts qui pourraient intéresser les étudiants du cours de marketing responsable.

1) Robert Frank (sur EconTalk) élabore sur une version darwinienne de l’économie. Nombreux arguments sur le rôle que joue l’État. Mais ce qu’il faut surtout retenir, je pense, est l’importance que Frank attribue au phénomène de comparaison sociale. Frank parle des morses mâles qui sont devenus énormes, au delà de leur intérêt individuel, parce que la masse physique constitue un avantage dans le combat qu’ils doivent engager pour pouvoir s’accoupler. La prospérité des membres de notre espèce s’appuie peut-être sur des mécanismes plus sophistiqués, mais les principes fondamentaux sont très voisins.

2) Alex Rosenberg (sur EconTalk) se penche quant à lui sur le statut des sciences économiques, qui ne progressent pas au même rythme que les sciences de la vie parce qu’enfermées dans une philosophie contraignante qui ne favorise pas l’apprentissage inductif. Un peu comme si les météorologues s’appuyaient sur un élégant modèle de ciel pour construire leur modèle plutôt que d’accumuler des données en visant le développement de meilleures prédictions. La perle de l’entrevue est, quant à moi, l’explication de l’importance des sciences économiques (minute 17)

3) Craig Venter (sur Ideas) est une figure dominante de la génomique. Nous sommes dans une école d’administration, relativement ignorants de ce qui se passe de vraiment intéressant et qui va très probablement nous amener à repenser profondément ce que nous croyons être les limites de notre développement économique et social. Un débat fréquent porte sur les aliments génétiquement modifiés. Monsanto et le maïs à la round-up, vs l’interdition de vente sur les marchés Européens. Venter va beaucoup plus loin. À écouter absolument. De préférence du début à la fin. Et s’il faut un encouragement, ce fragment de trois minutes qui décrit une expérience invraisemblable, où Venter dira que : « Life is a DNA software system. You change the software, you change the species. »

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La publicité rend fade?

Plusieurs échanges intéressants lors de notre dernier cours sur le marketing responsable (où il a été question d'externalités et de biens publics, de même que de l'effet de la publicité).

En particulier, une étudiante qui dit que la publicité doit véhiculer les valeurs de l'entreprise.

Ce qui a déclenché un réflexe en moi: non, la publicité doit véhiculer les valeurs des gens qui sont ciblés. Puis un sentiment de trouble parce que je n'ai pas articulé correctement ma pensée. Ce que je vais tenter de faire sommairement ici.

1) Je sais parfaitement d'où vient mon réflexe: le marketing n'est pas de la "vente". Le marketing c'est une discipline qui consiste à identifier des besoins chez des gens, puis à développer une solution, la communiquer, la distribuer, etc. Ce ne sont pas les valeurs de l'entreprise qui comptent, mais celles de mes clients.

Cette position n'a rien de l'abnégation. Elle s'inspire simplement du fait qu'il est très difficile de changer les gens. Lorsque l'on veut changer les gens, on parle d'éducation, de propagande, d'endoctrinement… de marketing social 🙂

2) La question devient plus claire si on pose le problème différemment. On imagine mal, dans le Québec d'aujourd'hui, une chaîne d'alimentation faire de la publicité en développant le thème de la religion, ou de faire allusion à des questions d'ordre moral. Même une entreprise qui serait détenue par des intérêts religieux fera mieux de s'abstenir, pour ne pas risquer de s'aliéner.

3) La position soulevée en classe et, je pense, largement partagée, s'appuie en fait sur une logique différente. Il s'agit d'afficher des valeurs que le marché partage. Deux ou trois choses à noter ici:

3.1 Une entreprise peut être détenue par des intérêts qui ont certaines valeurs (ex: fonds de placement éthique) et qui vont, évidemment, communiquer ces valeurs pour que le clients potentiels sachent que leurs intérêts convergent.

3.2 Certaines entreprises, ayons encore en tête les fonds éthiques, affichent leurs valeurs parce qu'elles ne font pas du marketing, mais de l'ingénierie sociale.

3.3 Attention, je ne dis pas qu'une enterprise doit dire qu'elle croit en telle ou telle valeur alors que ce n'est pas le cas. On parlerait alors de fraude (intellectuelle ou économique, selon le cas), de greenwash, etc. 

Par hasard j'écoutais quelques heures plus tard la conférence que donnait Kenmeth White, l'éditeur en chef de MacLean's (un influent magazine canadien) au "Dalton Camp lectures". Un podcast de l'excellente série Ideas de la CBC.

White parlait de l'histoire de l'industrie de la presse écrite. Il explique qu'au début du 20ième siècle, cette industrie qui était à l'époque aussi stimulante que l'Internet d'aujourd'hui, a vu son modèle d'affaire basculer. Les revenus publicitaires qui représentaient 10-15% des revenus des journaux ont augmenté rapidement, atteignant souvent 80% de l'emsemble des revenus. White dit que la publicité a transformé la presse écrite. Cette presse qui était une presse d'opinion au 19ième siècle, est devenue une presse "fade", parce que les annonceurs veulent un environnement sécuritaire pour supporter leur message. Il ajoute que les valeurs des journalistes ont changé pour s'adapter à cette nouvelle réalité économique. Sans trop comprendre pourquoi, on s'est mis à faire l'éloge de l'objectivité.

Puis il ajoutera quelques minutes plus tard que l'Internet ressemble à la presse militante. Et que le taux de participation aux élections a remonté depuis les dix dernières années….

Premier extrait audio (2 minutes) où White parle de la transformation des journaux: en flux, à télécharger

Second extrait (40 secondes) où White parle de la participation au scrutin: en flux, à télécharger


Revoir nos idées reçues

J’ai présenté ce clip de Hans Rosling à mes étudiants du cours de négociation. Pour corriger une impression qu’aurait laissé une remarque que j’avais faite plus tôt au sujet des coûts de main-d’oeuvre en Chine. Mais le contexte n’est pas si important ici. Par contre, il faut absolument prendre 15 minutes pour écouter ce que Rosling veut nous dire. Les étudiants ont été rivés à l’écran.

J’en retiens surtout que le monde (en développement) évolue à une vitesse que nous ne soupçonnons pas. Nous devons revoir nos préjugés. Surtout des gens comme moi, qui ont été formés il y a un peu plus de vingt ans et qui ont la tête farcie de faits qui ne tiennent plus la route.

Il y a cette image — spectaculaire — vers la fin du clip où Rosling présente l’évolution de la distribution des revenus en Chine vs US. Une image qui donne une impression viscérale de l’importance de cette économie qui est en train de… tout changer?

Chinaus

Il y a cet incroyable logiciel.

Et cette métaphore tellement vraie, qui se trouve dans un autre clip. Où Rosling parle de la beauté de la "Nocturne" de Chopin. En présentant la feuille de musique. Pour nous faire comprendre que le language des experts n’est pas la seule, ni la meilleure façon de communiquer une idée.

Rosling est un virtuose de l’interprétation des données.


Marketing et bouddhisme ont un point en commun

Le marketing vise à satisfaire les besoin des consommateurs. Ceux qui sont familiers avec notre discipline sont familiers avec des modèles de mesure de la satisfaction où on exprime la satisfaction comme l’écart entre l’expérience vécue, d’une part, et le niveau des attentes, d’autre part. Plus l’écart est grand, plus le consommateur est satisfait. Et bien évidemment, l’industrie concentre ses efforts sur les moyens de parvenir à l’expérience la plus satisfaisante possible.

Au risque de simplifier, la philosophie bouddhiste fait aussi la promotion du bonheur. En adoptant une approche diamétralement opposée — on réduit le niveau des attentes; on trouve le bonheur dans les conditions d’expérience telles qu’elles sont. En faisant remarquer que l’approche matérialiste aboutit à une spirale ultimement déprimante.

Je mentionne parce que TED vient de publier un vidCast de Matthieu Ricard, un moine bouddhiste. Intéressant. TED est l’acronyme de Technology, Entertainment et Design.

Je ne sais pas s’il faut interpréter cette invitation (et les conférences courues du Dalai Lama) comme une indication que la rhétorique Bouddhiste colle aux intérêts du moment. Ou plus simplement que la question de la recherche du bonheur, peu importe l’approche, mérite que l’on s’y attarde. Ricard est décrit comme un spécialiste du bonheur; la littérature scientifique sur le thème du bonheur est en croissance.

Ci-dessous l’évolution du nombre de requêtes sur les mots marketing et happiness selon google.com/trends. Les échelles sont trompeuses — il y a beaucoup plus de requête sur le mot marketing que sur le mot happiness. Mais les tendances sont là.

Happy

Mktg 


Que penser de Facebook?

Je me suis ouvert un compte sur facebook il y a une semaine, en me disant que de devais surmonter mes réserves et essayer sérieusement, histoire de ne pas laisser se creuser un fossé entre moi et mes étudiants qui sont sur facebook, pour la plupart. J’ai même reçu une invitation d’un collègue qui aimerait me compter parmi ses "amis".

J’ai fermé mon compte hier. Après avoir entendu ce podcast de l’émission Search Engine et lu le billet de Jon Swift

Jesse Brown (de Search Engine) relate l’histoire d’un syndicat qui a utilisé Facebook pour retracer les employés d’un casino. Le syndicat a ensuite créé un groupe pour diffuser l’information pertinente. Ultimement, Facebook a fermé ce compte, précisant que la politique est d’autoriser uniquement les comptes de (vrais) individus.

L’histoire de Jon Smith est similaire sur un point — Facebook a fermé son compte parce que Jon Smith est un nom de plume et pas une identité véritable.

Plusieurs éléments me préoccupent, peut-être à tort. Mais le fait que l’on puisse identifier mon réseau de relations à des fins commerciales politiques ou autres me préoccupe. D’autant plus qu’il n’est pas possible de s’abriter derrière un pseudonyme.

Ce qui est à priori un environnement permettant de partager efficacement des informations et d’avoir du bon temps présente des risques importants de récupération à d’autres fins. Ce qui aurait été possible en utilisant des pseudonymes (i.e. gérer des réseaux distincts d’amis, de famille, de relations d’affaires, de groupes d’intérêtes spéciaux) ne l’est pas. Je vois des difficultés importantes à ce que toutes mes relations se voient. Encore plus quand un observateur externe peut identifier le réseau (apparent) de mes relations.

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Vinton Cerf

Le collège Dickinson a honoré Vinton Cerf, "inventeur de l’Internet" (c’est à lui que l’on doit les protocoles TCP et IP qui ont révolutionné la structure des réseaux informatiques) en lui décernant le prix Joseph Priestly.

Vinton Cerf est aujourd’hui "Évangéliste en Chef de l’Internet" chez Google. Dans son allocution, Cerf aborde plusieurs thèmes (émergence de l’Asie, web mobile, architecture end-to-end) importants pour tous ceux qui s’intéressent à l’évolution de cette technologie. Il parle aussi de son travail récent sur la construction d’un réseau interplanétaire, capable de faire face aux délais de réponse qui sont beaucoup plus longs et imprévisibles que dans l’environnement terrien.

Cerf est génial. De par son attitude générale. Mais aussi pour les idées qu’il véhicule. Deux idées en particulier ont retenu mon attention.

1. Repenser la distribution de contenu: la distribution de vidéo change selon les technologies disponibles. Deux dimensions sont considérées — la connectivité et la capacité de stockage. Cerf fait remarquer que les distributeurs conventionnels sont rivés sur le streaming (i.e. la distribution en temps réel de matériel pré-enregistré) et la publicité conventionnelle (voir par exemple hulu). Il estime qu’une distribution en accéléré offre des possibilités plus intéressantes, comme l’inclusion de matériel additionnel qui peut être consulté à demande par l’utilisateur.

2. La pertinence des avatars: En réponse à une question sur Second Life, Cerf répond que les environnement synthétiques (il dit virtuel) pourraient agir sur le monde réel, par le biais de machines. Puis il spécule sur la possibilité de communiquer dans un environnement synthétique 3D en portant un casque (goggles). Et pose une question intéressante — si vous et moi communiquions en conférence 3D, est-ce que nos images devraient porter un casque? Ou devrait-on utiliser des avatars (représentations) qui ne portent pas le casque de visualisation?

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Second life et la question d’identité

Autre podcast intéressant de la CBC (Ideas). On y parle des mondes "virtuels" et de l’impact que ces activités ont sur l’identité des gens.

À retenir: la notion "d’immigrant digital". L’idée est que pour des gens comme moi, le monde digital est nouveau et j’y suis comme un immigrant, en phase d’acculturation. Pour les plus jeunes, qui y sont nés, il n’y a pas cet écart. Un exemple — une très grande proportion de mes étudiants ont une page dans facebook (mySpace ou ailleurs). Pas moi. Et je n’en ai pas envie. Et j’ai souvent l’impression qu’il s’agit d’une forme d’exhibitionisme. Alors que pour les natifs digitaux, cette modalité est naturelle.

Idée reliée — il est normal pour les natifs de façonner plusieurs identités.

Je profite de l’occasion pour rappeler qu’il est préférable de référer à Second Life (etc.) comme à des mondes synthétiques (i.e. pas naturels) plutôt qu’à des mondes virtuels (i.e. qui n’existent que dans l’ordinateur). cf Castronova en notant qu’il utilisait virtuel avant de lancer le terme plus approprié de "synthétique". L’idée est importante. Un gilet synthétique tient bien au chaud, souvent mieux qu’un gilet de laine. Un gilet virtuel ne sert à rien hors du monde virtuel. Si on pense à Second Life (facebook, youTube et autres communautés synthétiques) en termes de virtuel, on comment une grossière erreur — Cette réalité synthétique a définitivement un impact sur le monde naturel

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Le multiculturalisme

(à la hâte…)

Hier je mettais enLigne une présentation spectaculaire. Aujourd’hui, le ton est moins extravagant, mais le message important. Karim H. Karim, Directeur du School of Communication and Journalism at Carleton University. Un podcast de la série IDEAS de la CBC.

1) l’exposé démarre lentement (la métaphore de l’éléphant est usée) mais progresse de façon méthodique et remarquable.

2) je partage entièrement l’observation que Karim fait en terminant son exposé (i.e. les diasporas peuvent garder un contact nettement plus étroit que ce n’était le cas il y a 3 générations, avec des impacts qui ne sont pas condidérés explicitement

3) je partage aussi complètement sa réponse à la première question (des professionnels responsables doivent apprendre à apprécier les différences et à reconnaître les points communs.

Et de nombreux autres éléments importants. (en particulier la différence qui existe entre les modèles canadiens (salade), américain (melting pot), britannique (intégration négligente) et française (assimilation dans un modèle unique. Et crois, comme lui, que notre modèle est supérieur. Mais que des défis (évidents) pointent à l’horizon.

Autre point. Rosling présente un message tout aussi important, quoique différent. J’ai l’impression que l’extravagance peut nuire à la compréhension. Mais peut aussi réfléter mes goûts personnels

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L’impossible est possible — et le pouvoir des blogs

Cet après-midi, problème avec le beta de présentation de Google. De fil en aiguille je suis tombé sur cette présentation (un blog parle de google presentation, dit que l’application n’est probablement pas à la hauteur et pointe sur un classique de Kawasaki — la règle du 10-20-30, lequel pointe sur un blog spécialisé en présentations, lequel pointe sur cette incroyable présentation de Hans Rosling)

Il faut écouter la présentation. Il y a ce logiciel fantastique qui permet de voir la réalité avec des yeux frais. Il y a l’argument de base qui parle de développement économique et du fait que ce qui semble a priori peu probable est en fait relativement plausible. Et il y a la finale, invraisemblable.

À voir ABSOLUMENT.

Et je note en passant que toute l’information est relayée par des blogs. Requête lancée sur un moteur de recherche, matériel offert par un site spécialisé. Mais entièrement relayé par des blogs.


Un marché noir dans le secteur de la santé

Dans le cours de Marketing Responsable, nous parlerons du marché pour les organes de remplacement (devrait-on autoriser l’achat/la vente d’organes humains). Si l’idée répugne, elle est peut-être préférable à l’existence d’un marché noir.

Par hasard je suis tombé sur un podcast de la CBC qui parle du phénomène des files d’attente dans le secteur de la santé. Préparé par un médecin, l’émission explique comment les gens font pour ne pas attendre. De toute évidence les contacts personnels jouent pour beaucoup.

Ce qu’il faut retenir, je suppose, c’est qu’en dépit de la réglementation (au Canada la santé est un bien public et gratuit, il n’y a pas de marché permettant d’offrir de l’argent pour obtenir un service — sauf exceptions qui se multiplient) un marché se crée. La monnaie d’échange est le capital humain que quelqu’un accumule par ses contacts personnels.

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